Un dimanche des Rameaux pas comme les autres

En temps de confinement, ce culte des Rameaux n'aura décidément pas été comme les autres. Première pour moi d'un culte diffusé en direct depuis le temple. En voici la prédication en vidéo et par écrit ci-dessous.




Liturgie de la Parole

Prière d’illumination

Lecture de Philippiens 4,4-9 et orgue bref

4Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps ; je le répète, réjouissez-vous. 
5Que votre bonté soit reconnue par tous les hommes. Le Seigneur est proche. 
6Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute occasion, par la prière et la supplication accompagnées d’action de grâce, faites connaître vos demandes à Dieu. 
7Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus Christ.
8Au reste, frères, tout ce qu’il y a de vrai, tout ce qui est noble, juste, pur, digne d’être aimé, d’être honoré, ce qui s’appelle vertu, ce qui mérite l’éloge, tout cela, portez-le à votre actif. 
9Ce que vous avez appris, reçu, entendu de moi, observé en moi, tout cela, mettez-le en pratique. Et le Dieu de la paix sera avec vous.

Lecture de Matthieu 21,1-11 et orgue bref

1Lorsqu’ils approchèrent de Jérusalem et arrivèrent près de Bethphagé, au mont des Oliviers, alors Jésus envoya deux disciples 
2en leur disant : « Allez au village qui est devant vous ; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée et un ânon avec elle ; détachez-la et amenez-les-moi. 
3Et si quelqu’un vous dit quelque chose, vous répondrez : “Le Seigneur en a besoin”, et il les laissera aller tout de suite. » 
4Cela est arrivé pour que s’accomplisse ce qu’a dit le prophète : 
5Dites à la fille de Sion : Voici que ton roi vient à toi, humble et monté sur une ânesse et sur un ânon, le petit d’une bête de somme
6Les disciples s’en allèrent et, comme Jésus le leur avait prescrit, 
7ils amenèrent l’ânesse et l’ânon ; puis ils disposèrent sur eux leurs vêtements, et Jésus s’assit dessus. 
8Le peuple, en foule, étendit ses vêtements sur la route ; certains coupaient des branches aux arbres et en jonchaient la route. 
9Les foules qui marchaient devant lui et celles qui le suivaient, criaient : « Hosanna au Fils de David ! Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient ! Hosanna au plus haut des cieux ! » 
10Quand Jésus entra dans Jérusalem, toute la ville fut en émoi : « Qui est-ce ? » disait-on ; 
11et les foules répondaient : « C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. »

Prédication:

Chers frères et sœurs en Christ,

Quel est votre proverbe préféré en ce temps disons… confinés ? Je vous en propose 10, faites votre choix :
1.    « On n’est pas sorti de l’auberge » ? 
2.    « Mieux vaut être seul que mal accompagné » ? 
3.    « A chaque jour suffit sa peine » ? 
4.    « En avril, ne te découvre pas d’un fil, en mai, fais ce qu’il te plaît » ? bon pas sûr que ce soit le bon, j’ai découvert sur FB sa version 2020 : « en avril reste à domicile, en mai reste confiné »
5.    « Tout vient à point à qui sait attendre » ?  
6.    « Les petits ruisseaux font les grandes rivières » ? 
7.    « Croque la vie comme un fruit, chasse la maladie comme un ennemi »
8.    « On ne tond pas un oeuf » ? (tiens je l’ai découvert celui-là) 
9.    « Tout est bien qui finit bien » ? 
10.                  Un autre spécial cette année : « Chacun chez soi et le corona sera vite plus là »

Pour moi, sérieusement, mon proverbe préféré en ces temps serait « A toute chose malheur est bon. » Cela ne m’a jamais semblé aussi vrai que ces jours. Bien sûr, je ne minimise pas les malheurs, les difficultés, les luttes contre ce virus, l’isolement de certains, l’horreur et la peur devant la mort ou les morts nombreuses. Tout cela, nous le voyons bien assez aux infos. Non ce matin, j’avais envie de méditer ce proverbe : « A toute chose malheur est bon. » et de discerner, dans ce temps de malheur, les bénédictions de Dieu dans nos vies.

En voilà déjà une, de bénédiction : ce culte des Rameaux sans catéchumènes est l’occasion pour une fois de se centrer véritablement sur le texte d’Evangile des Rameaux et d’en tirer quelque chose pour nous aujourd’hui.  Alors plongeons-nous dans ce récit.

Voici que Jésus arrive aux portes de Jérusalem où il va vivre sa Passion. Il est assis sur un âne, qui est loin d’être une monture royale, mais qui montre, en fait, que sa royauté est autre. Qu’elle n’est pas terrestre mais divine. Qu’elle est constituée, portée même, par l’humilité. Pourtant, l’accueil est triomphal. On se croirait à un cortège d’une rock-star en tournée ou un défilé d’acteurs-choristes-figurants de la FeVi en 2019 (quelle bénédiction que la Fête des Vignerons et les 100edes jeunesses à Savigny n’aient pas été prévus en 2020). Dans cet Evangile selon Matthieu, c’est une foule qui acclame Jésus. Cette foule ne se contente pas d’applaudir, mais ce sont maintenant les manteaux des gens de la foule qui sont mis sur le chemin avec des rameaux, comme pour un tapis d’honneur.

Si nous avions été là, au bord du chemin, aurions-nous posé notre manteau, nos rameaux pour honorer Jésus ? Honorer Jésus, c’est d’abord lui rendre honneur. Le louer comme notre Sauveur. L’acclamer comme notre roi. Quelle bénédiction pour nous tous de pouvoir recevoir sa grâce gratuitement, « gratos mec » comme disait un collègue à des jeunes, recevoir son amour inconditionnel, il nous donne la vie en plénitude. Sur la croix, il s’est donné pour nous, nous sauvant de la mort et de la désespérance. Grâce à lui, en effet, nous pouvons ne plus avoir peur, nous pouvons avoir confiance. Oui, vraiment, louange, gloire et honneur soient à Jésus Christ. En disant cela, je pense à cette paroissienne qui aime tant quand nous entonnons ce saint cantique du 33-12 : « Louange, gloire, honneur, à ce puissant Sauveur, Alléluia, gloire à Jésus, au roi des rois, qui pour nous mourut sur la croix. » Tout est là. Quelle bénédiction que Jésus pour notre vie… Peut-être que parfois nous avons tendance à l’oublier, voire à en douter, parfois pris par le quotidien, nous laissons cela de côté.

Alors ce matin, dans un esprit de reconnaissance, rendons-lui grâce pour toutes ces bénédictions dans notre vie, bénédictions qui sont peut-être encore davantage mises en évidence par la crise que nous traversons. Conscients du poids de la Croix et du mal, mais les yeux bien fixés sur l’horizon pascal, réjouissons-nous chers frères et sœurs, de ce qui vient : la vie est plus forte que la mort. La vie vaincra. 

Plus globalement dans notre contexte de vie morose, c’est aussi honorer chacune et chacun qui se bat pour que l’espérance et la Vie puissent gagner sur les ténèbres et la mort: le personnel soignant, bien sûr, ceux qui travaillent en pharmacie, mais aussi les caissières de supermarchés, les policiers, les ambulanciers, les pompes funèbres, les éboueurs, concierges, nettoyeurs, les facteurs qui distribuent l’espoir dans le courrier, les agriculteurs qui nous nourrissent, les plombiers, comme celui qui était venu déboucher mon évier lorsque j’étais en 40aine et tous les autres que l’humoriste Yann Marguet a si magistralement nommé dans son émouvante lettre à la Suisse.  

Dans ce contexte si particulier, nous devons je crois réapprendre la culture de l’honneur, comme Thierry et Monique Juvet l’ont décrite. Non pas celle qui accorde une grande importance à la réputation de l’individu et de sa famille. Non la culture de l’honneur, c’est honorer son prochain, c’est reconnaître en lui ou en elle les charismes et les dons que Dieu lui a confiés, c’est les mettre en valeur. C’est se réjouir pour ce que Dieu a placé en lui ou en elle. C’est encourager dans une atmosphère de confiance et de joie.

Si l’on regarde bien, on remarque que dans la péricope du jour chez Matthieu, les protagonistes s'honorent les uns les autres: les disciples en obéissant à la demande de Jésus, le Christ en honorant le Père lorsqu'il envoie ses disciples pour remplir sa mission de roi humble. On s'honore soi-même et on honore l'autre quand on fait ce pour quoi on a été appelés, quand on exerce la mission qui nous a été confiée. En ce sens, la culture de l'honneur est un chemin d'obéissance et d'humilité, à expérimenter et toujours à reprendre.

Et si nous aussi, chers frères et sœurs, dans notre société, dans nos relations, dans notre travail, dans notre Eglise, nous essayions de vivre cette culture de l’honneur ? Et si nous aussi, nous cherchions à honorer notre prochain en reconnaissant les qualités que Dieu a déposées en lui ou en elle, en portant sur l'autre un regard qui l'honore, en relevant le beau et le bon, en le lui disant et en l'encourageant à le cultiver ?

Alors cette semaine, qui allons-nous choisir d'honorer? Qui aurons-nous l'occasion d'encourager? Quelles qualités aurons-nous l'opportunité de relever chez un de nos proches, un voisin, un/e collègue, même à distance?

Oui chers frères et sœurs, en ce jour des Rameaux, je vous propose simplement de suivre l’exhortation de l’apôtre Paul aux Philippiens : Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps ; je le répète, réjouissez-vous. « En tout temps ». Pas juste quand tout va bien. Oui en tout temps, et particulier en ce temps de pandémie, soyons reconnaissants. Et honorons.
·      MERCI pour tous les corps de métiers qui luttent pour la Vie, qu’ils soient honorés.
·      MERCI pour toutes les bénédictions que cette crise, malgré tout, apporte : MERCI de remettre au centre l’essentiel, qui est l’humain et le rapport à la terre, qu’ils soient honorés.
·      Merci pour les moyens technologiques qui nous permettent de rester proches de ceux qui sont éloignés, merci pour ceux qui rendent cela possible, qu’ils soient honorés.
·      Merci d’avoir appuyé sur STOP dans ce monde de fou, comme un ami disait : « Ce que l’humain n’a pas su arrêter, le coronavirus l’a fait. », permettant ainsi, temporairement en tout cas, de sauvegarder la création. Que la création puisse être honorée.
·      Merci pour nos frères et sœurs qui font preuve de solidarité, qui s’engagent pour ceux qui sont isolés ou qui souffrent, qu’ils soient honorés.
·      Merci pour Jésus et pour l’espérance qu’il a allumée en nous, qu’il soit toujours honoré.

« A toute chose malheur est bon » : toutes ces bénédictions dans ce temps de désert, tous ces signes d’espérance, chers frères et sœurs, les avez-vous vus ? les avez-vous partagés autour de vous ? Si vous le faites, le monde sera moins morose, et davantage rempli d’espérance. 

Honoré sois-tu, cher frère, chère sœur, pour qui tu es.
Honoré soit Jésus, le Christ, notre Sauveur.
A lui, louange, gloire, honneur.


AMEN

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