Le football, un sport évangélique

En ces temps de Coupe du monde, il est de bon ton de se fendre de son petit article sur le football (grandeur et décadence), le Brésil et ses questions sociales (grandeur et décadence), la FIFA (décadence et décadence), quitte à ce que l'article soit un peu un conglomérat d'éléments aussi divers que variés qui n'ont guère de cohérence (voir à ce sujet l'article de Protestinfo intitulé "Ballon rond et questions de fonds"). Faut-il publier pour publier ? Quelle pertinence ont ces articles ?

Je me pose la question, non seulement en tant que fan de foot, mais en tant que pasteur. C'est comme si, parce c'est la Coupe du Monde, il fallait absolument tout ramener au football. La vie n'est-elle pas bien plus que cela ? Dieu n'est-il pas bien plus que cela ?

Il y a foot et... foot!

Et pourtant, le fan de foot qui sommeille en moi ne peut s'empêcher de monter au créneau (et du coup moi aussi de céder à la tentation de l'article sur le foot ;-): il y a foot et... foot! D'une part le football des grands stades, des grandes compétitions, des grands salaires, du gigantisme planétaire, etc., et d'autre part celui des talus, des champs de patate, de la 5e ligue pourrave opposant bracaillons au bras cassés du village d'à côté.

Car si le foot mondial est bel et bien devenu une "religion moderne" (voir à ce titre l'édito du journal Réforme par le pasteur Antoine Nouis), avec ses dieux, ses cathédrales, ses rassemblements, ses temps de communion suivant ses liturgies; si le foot mondial semble bel et bien devenu un certain opium du peuple Marxien, avec sa dose de rêve, d'idéalisation, d'émotions et de passion suscitées, devenant le divertissement par excellence (les jeux du cirques modernes); si le foot mondial est bel et bien devenu, aliéné par le péché humain, un monde pourri avec sa corruption, le règne de l'argent et celui du fort/puissant sur le faible; oui si le foot mondial est devenu tout cela, et il faut oser le dire, le football n'en reste pas moins un sport... évangélique!

Un sport de gentlemen

D'autres l'ont dit mieux que moi (voir la reprise sur mon blog d'une homélie en Belgique: Jésus a inventé le football), le football est un sport noble: "un sport de gentlemen... certes pratiqué par des voyous" (par opposition au rugby qui est "un sport de voyous pratiqué par des gentlemen"), mais un sport de gentlemen tout de même.

L'esprit d'équipe, valeur évangélique d'amour et de partage.
Comment ne pas voir dans la métaphore ecclésiale de 1 Co 12,27 (Or, vous êtes le corps du Christ, et chacun de vous est une partie de ce corps.) une métaphore de l'équipe de football ? Chacun avec différentes qualités, chacun avec différents charismes, nous sommes appelés à oeuvrer pour le bien commun, celui de l'équipe. Solidarité, entraide, amour du prochain (règle d'or), confiance (foi), espérance, tout y est. On pourrait également parler de communauté, tant les liens de l'équipe sont fort.

Le fair-play, la 3e voie évangélique

Dans son sermon sur la montagne, Jésus demande avec cette phrase si connue de tendre l'autre joue (Mt 5,39). En fait, il cherche une troisième voie entre celle de la passivité et celle de la violence. Ne pourrait-on ainsi pas voir le fair-play comme 3e voie entre la passivité (se la coincer) et la violence (répondre par la violence physique, verbale ou plus sournoise, violence morale comme la simulation ou la tromperie) ? Le fair-play comme instance de régulation "interne" en vue de la justice (l'arbitre en étant l'instance "externe").

Le fair-play, non comme façade, mais comme chemin de vérité et de vie, notamment dans ce geste où ce joueur relève son adversaire, où ce joueur soulage son adversaire de ses crampes en lui étirant la jambe, ou encore avec cette équipe fait exprès de se laisser encaisser un but pour compenser un but marqué par hasard alors qu'ils devaient simplement rendre le ballons à l'adversaire. Le fair-play avec ces bières partagées à l'issue d'un match. C'est ça le foot.

Une formidable pièce de théâtre du genre humain

Je suis le chemin, la vérité et la vie, nous dit... non pas Sepp Blatter ni même le football mondial, mais le Christ! Ce dernier nous invite à changer de comportement et oeuvrer pour son Royaume en mettant en avant les valeurs évangéliques. Quant au football, gangréné par le péché humain, il peut parfois avoir perdu de son sens profond, évangélique. Mais il demeure une formidable pièce de théâtre du genre humain. A vivre avec passion, émotions, mais aussi... distance critique, tout en réalisant que le football ne propose pas de sens profond (signification, mais aussi direction) pour notre existence. Contairement au Christ qui, lui, nous sauve. :-)


Commentaires

  1. Merci Benjamin. Cela me rappelle une méditation que j'avais partagée avec mes collègues diacres :
    "Je vous invite en un lieu où on se rassemble, venant de près ou de loin. Où on regarde tous dans la même direction. Où on se lève pour chanter. Où on prie avec ferveur. À l'église ? Non, pas du tout : au stade de foot."
    Belles fêtes

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