Bilan du jeûne 2015: entre tensions et émerveillements

Cette année, la semaine de jeûne fut particulièrement difficile, notamment au niveau personnel et familial. Des tensions, donc, mais que de beautés découvertes malgré tout dans un état d'esprit d'émerveillement. En guise de bilan, voici donc mon message lors de la célébration de rupture de jeûne qui a eu lieu jeudi12 mars à Lutry.

Lecture de Psaume 16

  1. 1  Garde-moi, mon Dieu : J'ai fait de toi mon refuge.
    2  J'ai dit au Seigneur : " Tu es mon Dieu ! Je n'ai pas d'autre bonheur que toi. "
    3  Toutes les idoles du pays, Ces dieux que j'aimais,
    4  Ne cessent d'étendre leurs ravages, Et l'on se rue à leur suite.
    Je n'irai pas leur offrir le sang des sacrifices ; leur nom ne viendra pas sur mes lèvres !
    5  Seigneur, mon partage et ma coupe : De toi dépend mon sort.
    6  La part qui me revient fait mes délices ; J'ai même le plus bel héritage !
    7  Je bénis le Seigneur qui me conseille : Même la nuit mon cœur m'avertit.
    8  Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; Il est à ma droite : je suis inébranlable.
    9  Mon cœur exulte, mon âme et en fête, Ma chair elle-même repose en confiance :
    10  Tu ne peux m'abandonner à la mort Ni laisser ton ami voir la corruption.
    11  Tu m'apprends le chemin de la vie : Devant ta face, débordement de joie ! A ta droite, éternité de délices ! 

Lecture de Romains 8, 31-39

Message : vivre dans l’intimité avec Dieu dans la confiance de la résurrection

Cher amis, quelle semaine !

Une semaine parsemée de bas et hauts (dans ce sens, c’est mieux), mais avec un fil rouge : la présence de Dieu à nos côtés. Je ne vous l’ai pas caché, cette semaine a été particulièrement difficile pour moi, avec beaucoup de tensions familiales dû à ce choix : « que ton oui soit un oui, et tu regardes le oui » disais-je dans les exercice début de méditation. (un temps) Et pourtant, je me suis toujours senti soutenu, comme gardé par le Seigneur. Le Seigneur, cela a été mon refuge, pour reprendre les termes de ce magnifique Psaume 16.

Et ce parcours des Psaumes nous a ouvert à une spiritualité très profonde dont nous avons pu nous nourrir. Merci Seigneur pour ces Psaumes, Parole d’hommes et de femmes qui s’adressent à Dieu qui devient Parole de Dieu en nous. Merci Seigneur pour le partage qui nous a aussi nourri. Merci pour ta Présence à travers chacun, comme le Psalmiste je peux dire : « Tu es mon Dieu, je n’ai pas d’autre bonheur que toi ! »

Alors que garder de cette semaine ? Comment affronter la suite, le retour sur « terre », si j’ose dire ? Eh bien regardons ce magnifique Psaume 16 (que vous avez déjà lu à Montmirail pour ceux qui avaient la chance d’y être), Psaume qui, je crois, reflète bien l’expérience du jeûne :
-       Comme d’autres Psaumes, il nous parle des idoles : combien la nourriture peut le devenir dans notre société, combien la consommation l’est aussi ? il n’y a pas que le canapé et la TV… Je crois que ce Psaume nous invite vraiment à réfléchir pour nos vies à nos idoles qui « ne cessent d’étendre leurs ravages » et vers qui « on se rue à leur suite ». Oser un chemin différent qui dise NON aux idoles. « Si je dis non, c’est non, et je regarde le Non. », non aux idoles.
-       Et puis, ne pas oublier que nous ne sommes pas autosuffisant. C’est peut-être un des plus grands maux de notre société occidentale : ne pas reconnaître que nous sommes dépendants de Dieu, chose que nous expérimentons tellement lors du jeûne ! « De toi dépend mon sort », c’est fort ! Mais seul un abandon aussi grand nous ouvre à la Vie véritable de communion avec Lui. Ainsi pour notre chemin, ne pas oublier chaque jour de placer le Christ au centre et de rendre grâce pour la part qui me revient qui fait me délices.
-       Les délices, justement.  Délices du p’tit bonheur si simple auxquels bien souvent nous n’avons pas de temps à consacrer dans notre quotidien bien rempli. Goûter chaque instant, goûter chaque relation, goûter chaque cadeau qui se donne à nous. Cela aussi, c’est un sacré défi pour notre société en quête de rendement. Goûter à la vie en plénitude. Cela paraît énorme, mais c’est tout simple.
-       La fête et la confiance : c’est ce que nous avons, chacun à des degrés différents, vécus ces derniers jours. Des temps de joie immense où nous sommes comme remplis par de petites choses, des moments d’émerveillement devant la nature ou tellement d’autres choses. Et tout cela dans la confiance : tu es avec moi. Cela aussi c’est un enseignement à garder pour la suite : vivre avec confiance et continuer à s’émerveiller.
-       « Tu m’apprends le chemin de vie ». Pour apprendre, chers amis, il faut écouter. Ecouter sa Parole qui nous nourrit, et prendre le temps pour cela. Ecouter les signes de sa Présence qui nous parlent autour de nous. Mais aussi, Jenny tu le disais, écouter son corps qui lui aussi nous guide. Si souvent nous faisons n’importe quoi avec notre corps en le nourrissant n’importe comment. « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit » (1 Co 6,19) disait déjà l’apôtre Paul. Peut-être que cette semaine de jeûne peut nous apprendre, pour notre chemin de vie, à se mettre davantage à l’écoute de son corps… et de Dieu !
-       « Tu ne peux m’abandonner à la mort… tu m’apprends le chemin de vie » : au fond ce texte me parle de résurrection dont parle l’apôtre Paul en Ac 2,29-32, lui qui cite ce Psaume. Oui l’expérience du jeûne est au fond une expérience de résurrection, vivre la bonne nouvelle pour chacun de nous que Dieu nous aime et qu’il nous promet la Vie avec un grand V.

Bien sûr, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de difficulté, et je suis bien placé pour en parler. Et il y en aura, dans cet atterrissage qui est toujours délicat avec la reprise des aliments. Mais gardons ce que nous avons reçu cette semaine comme un trésor : oser un chemin différent qui dise NON aux idoles, reconnaître que nous sommes dépendants de Dieu, goûter la vie en plénitude, vivre avec confiance et continuer à s’émerveiller, se mettre à l’écoute de son corps et de Dieu, vivre la résurrection. Et tellement d’autres choses encore. Et surtout, n’oublions pas l’essentiel avec ces paroles de l’apôtre Paul aux Romains qui m’ont touché cette semaine :
37Mais en tout cela nous remportons la plus complète victoire par celui qui nous a aimés. 38Oui, j'ai la certitude que rien ne peut nous séparer de son amour : ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni d'autres autorités ou puissances célestes, ni le présent, ni l'avenir, 39ni les forces d'en haut, ni celles d'en bas, ni aucune autre chose créée, rien ne pourra jamais nous séparer de l'amour que Dieu nous a manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur.
Allons donc dans le monde des vivants avec la confiance que Rien… ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu.


Amen

Commentaires

  1. Cher Benjamin,
    Je me réjouis de ce temps béni que tu as pu vivre cette semaine. Cela malgré les tensions qui ne manquent évidemment pas d'arriver lorsque on s'approche du Père et donc s'éloigne du Diviseur. Et, en passant, c'est extraordinaire de voir comme ce dernier s'ingénie à semer la discorde avec celles et ceux qui nous sont les plus chers.

    Ton message est le témoin d'un riche cheminement et je te souhaite, après un atterrissage en douceur, de pouvoir garder durablement toutes ces précieuses pépites glanées pendant cette semaine de jeûne, et de continuer d'en faire profiter ton entourage.

    Bien à toi,

    Sylvain

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