Dieu est chocolat (Père), Doudou (Fils) et câlins (Esprit)

Chère famille de Baptisée,
Chers paroissiens,
Chers jeunes qui partez à Taizé,

Qu’il est difficile de parler de sa foi, vous ne trouvez pas ? En bon Vaudois, naturellement, j’aurais tendance, si vous me paser l’expression, à avoir les foies rien qu’à l’idée de ma parler de ma foi… Les boules, quoi. Et pourtant l’Evangile du jour est limpide : Et il faut que l'on prêche en son nom devant toutes les nations, en commençant par Jérusalem ; on appellera les humains à changer de comportement et à recevoir le pardon des péchés. Rien que ça. Bon. Mais comment le faire sans être décalé, d’un autre temps, ou sans être moralisateur, ou condescendant, ou encore sans prendre en compte la liberté de celui qui est en face de moi ?

Ce matin, pour une fois, je ne vais faire une loooongue prédication pendant laquelle vous aurez le temps de compter les carrés au-dessus de votre tête sur le plafond de l’Eglise (à moins que ce soit déjà fait), mais j’avais envie de vous proposer une « prédication participative ». Et là, vous vous dites « mais pourquoi je suis venu à ce culte ce matin et je suis pas resté peinard au pieux à prendre les croissants devant la téloche, en plus y avait la rediffusion du dernier épisode de Game of Thrones… » Inutile de vous cacher sous les bancs, restez avec moi, c’est A VOUS A DE JOUER comme dirait Jésus à des disciples: ce matin je vous propose donc de réfléchir ensemble à ce que cela veut dire « être témoin » comme Jésus le dit dans le passage que nous venons d’entendre. Parce que franchement, et c’est bien le problème de l’Eglise biens souvent avec son patois de Canaan comme on dit, souvent l’Eglise/la Bible/« le pasteur qui prêche pendant 45 minutes d’une ton monocorde qui irait mieux pour moi quand j’ai des insomnies au moins ça me permettrait de trouver le sommeil », BREF on utilise un vocabulaire pas franchement moderne, pour ne pas dire d’un autre âge, et qui ne nous parle plus beaucoup aujourd’hui. Comment dire avec des mots actuels la bonne nouvelle de l’Evangile ? Et pour cela, vous allez m’aider… (si, si, comme disait Jésus, « n’ayez pas peur ! »)

Bon, déjà, première question à se poser :
-       Pourquoi êtes-vous chrétien ? Pourquoi « chrétien », et pas d’une autre religion, pourquoi « chrétien » et pas athée, sans Dieu. Pourquoi et surtout qu’est-ce que ça change d’être chrétien ? (un temps…) Pas facile, hein de répondre à cette question ?
-       Au fond, ça nous pose la question de notre représentation de Dieu… Si vous deviez donner des mots pour décrire qui est Dieu pour vous, par exemple avec des adjectifs, vous diriez quoi ?  (allez-y, c’est pas comme à l’école, y a pas de mauvaise réponse, y en a que des bonnes !) REPONSES LIBRES SUR IMAGE DE DIEU Qui est Dieu pour vous ? Comment le décrire ?

Alors maintenant que vous êtes chaud, si j’ose dire, je vous propose la démarche suivante : vous allez former des petits groupes de 3-4, par exemple avec un voisin à côté et deux personnes devant ou derrière vous. Vous allez recevoir une petite carte par groupe et vous allez pouvoir discuter des questions qui sont dessus. Je vous invite vraiment à vous lancer même si ce n’est pas facile, le but c’est de pouvoir partager et réfléchir ensemble sans jugement. Je rappelle, encore une fois, qu’il n’y a pas de mauvaise réponse mais qu’il peut y avoir des avis différents ! Alors allez-y, partagez sur ce que veut dire être témoin, je vous laisse quelques minutes pour cela.

PARTAGE DES QUESTIONS SUR LE SENS DE L'EVANGILE PUIS REMONTEE  Au fond, ces questions peuvent être résumées avec celle-ci : qu’est-ce que cela change dans ma vie de faire confiance à Dieu ? REPONSES LIBRES

Merci pour vos réponses. Je vais maintenant vous partager ce qui est important pour moi, ce que ça change pour moi. Mais pour cela, j’ai été aidé par la famille de Canidice. Parce que vous savez, lorsque je fais un baptême, je propose lors de la préparation de me donner des mots du langage courant et je dois les placer dans ma prédication. C’est un petit défi rigolo qui met un peu de piment. Et là, la famille de Candice m’a donné ces mots : Chocolat, doudou, câlin. C’est fou, ces 3 mots m’ont tout de suite fait penser à… Dieu ! Ben oui : Chocolat, doudou et câlins.

Regardez cette pub pour du chocolat sans le son.


Et imaginez que cela pourrait être avec ces paroles :

Envie de fondre de bonheur dans votre vie ? Ouvrez l’emballage et osez goûter à Dieu et à sa douceur, pour
que nous ayons une vie en abondance, une vie belle et agréable, un vie comme un don gratuit.

Goûter à Dieu, c’est fondre de bonheur et en plus c’est gratuit et ça ne fait pas grossir !

Dans notre société où tout se paie, s’échange, se monnaie, Dieu est d’abord un don gratuit. Comme une douceur offerte.

Si Dieu, le Père, est chocolat, Dieu le Fils est Doudou:


La vie est une aventure, et je suis avec toi, dit Jésus! Moi qui ai traversé des épreuves, des déserts et même la souffrance de la croix, je suis avec toi ! Voilà ce que cela change : tu n’es pas seul face aux difficultés ! Je t’accompagne quoi qu’il arrive, comme le doudou est toujours là pour te consoler…

Après le Père chocolat, le Fils Doudou, le Saint Esprit est lui câlins.


Vous êtes témoins de tout cela. Et je vais envoyer moi-même sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, restez dans la ville jusqu'à ce que vous soyez remplis de la puissance d'en haut. » En d’autres termes, je vous donne mon Saint Esprit, dit Jésus, c’est-à-dire ma présence à vos côtés, l’Esprit Consolateur, comme un câlin, l’Esprit qui réunit, qui fait du bien, comme un câlin.

(fin de la pub) Surtout l’Esprit nous permet d’aller au-delà des différences, car il nous redit que nous avons tous et toutes une valeur infinie aux yeux de Dieu, que sa grâce pour nous est éternelle, quelle que soit notre différence !

Alors tout ce que je peux vous souhaiter, cher frères et sœurs, c’est de découvrir combien Dieu est bon, comme du chocolat, comme un Doudou, comme un câlin et de réussir à en parler ensuite autour de vous, dans la liberté du témoignage, bien sûr, du parler en je.

Alors pour conclure, permettez-moi de parler en JE :

1. Dieu est mon chocolat, car il est don gratuit qui me donne goût à la vie.

2. Jésus est mon Doudou, car il m’accompagne à travers mes épreuves et m’assure de sa présence:

3. L’Esprit Saint est câlin pour moi, car il me rapproche de mes frères et sœurs qui sont différents de moi, et il me fait du bien, simplement:



Alors pour moi l’Evangile, c’est cela : chocolat, Doudou et calins. A vous maintenant d’être des témoins, à vous la parole dans vos vis de tous les jours. Que Dieu vous bénisse et surtout vous inspire pour créer des brèches face à notre difficulté de parler de notre foi.

Amen.

(Prédication prononcée le jeudi 5 mai 2016 à Savigny)

Commentaires

  1. Bonjour,
    il m'arrive de me promener sur des blogs ici et là. Et j'ai découvert votre Trinité au chocolat.
    Pendant longtemps on a projeté sur Dieu nos instincts de domination et de force, et Dieu c'était le Roi, l'Héritier et l'Esprit d'Obéissance. ça a donné des trucs inhumains.
    Mais Chocolat, Doudou et Câlins n'est-ce pas faire oeuvre de projection dans l'autre sens ? c'est inoffensif, c'est sûr, par rapport au précédent. Mais c'est réduire Dieu à être bouche-trou de nos angoisses. Dieu à notre service, encore une fois.
    Alors que la voie spirituelle, c'est de voir dans nos angoisses les résistances du vieil homme, comme disent les Pères du désert.

    Je ne nie pas l'expérience de la douceur de l'amour de Dieu, ressentie dans l'âme du contemplatif. Mais dans la foi, les spirituels n'identifient pas les sensations (douces ou angoissantes) avec la présence ou l'absence de l'Esprit dans l'âme.

    "Si tu vois ton frère monter au plafond dans sa prière, prends-le par les pieds et envoie-le travailler au jardin".

    J'ai un peu l'air de vous faire la leçon, mais croyez bien que c'est un vrai souci: si tous les noms peuvent aller pour Dieu (c'est un Coussin, un Matelas, un Médecin, un Berger, une Maman, le Vent, l'Eau, une automobile, un bouclier, un tiroir, une pince-monseigneur ou un morceau de sucre dans le thé etc...), le principe d'analogie ne va jamais sans la disproportion appropriée. Même si vous parlez en JE, il est important de le mentionner.

    Une dernière chose: "vous êtes le sel de la terre. Pas le sucre, ni la guimauve". (S. Fattebert, dans un sermon en Fac de Théol, Lausanne, 1984)

    Bien à vous,
    Jean-Patrice Cornaz.

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  2. Merci de ce commentaire qui me ramène en effet les pieds sur terre. C'est vrai que nous avons tellement donné une image d'un Dieu dur, qui juge, en colère (en particulier dans l'ancien testament), que j'ai eu envie de transmettre un bout de la tendresse de Dieu que je ressens dans mon quotidien. Mais il est vrai que cette prédication, située en l'occurence pour un grand public (jour de baptême) faisant écho à ce sacrement, s'est voulue une grande vulgarisation.

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