Discours du 1er août 2016 à Forel: gardons le cantique suisse !
Discours du 1er
août 2016 à Forel
Madame la Syndique,
Mesdames Messieurs les
Forellois,
En cet été
eurofootballistique et olympique, on reparle de chants. Non pas de champs de
patate ni de chants du choeur d’hommes l’Avenir, pourtant excellents il faut bien
l’avouer, chants qui nous parlerait de Föröl, du grouffre du Leman ou de
Grosboeuf ; ni de la fête cantonale des chorales qui aura lieu l’an
prochain à Echallens, ni encore des festivals estivaux comme le Paléo (pas les
bas non plus d’ailleurs), non ces temps on ne parle plus que de… l’hymne
national !
Parce que le
savez-vous ? qu’est-ce qui est dur et long et les hommes suisses
ont ? non Mesdames, n’ayez pas de pensées en-dessous de la ceinture, small
is beautiful aussi en Suisse ! Non il s’agit bien sûr… du temps que nous
avons dû nous coltiner le cantique suisse comme hymne national : 55
longues années (vu que notre hymne actuel a été introduit en 1961 et rendu
officiel par le conseil fédéral en 1981), 55 longues années à devoir subir ces paroles
et cette musique d’un autre temps, vous en conviendrez, c’est dur et long. 55
sur 725 ans de notre confédération (certes pas avec tous les cantons), soit 7,6
% de son histoire totale. Long et dur, je vous le disais.
Car vous le savez, puisque nous venons de le chanter : l’an passé la
société suisse d’utilité publique a lancé un vaste concours pour changer notre
cantique suisse. IL FAUT CHANGER L’HYMNE NATIONAL. Place au changement,
ras-le-bol de ces traditions d’une autre ère (de l’âge de pierre, diraient
certains, digne de Föröl). C’est vrai, autour de nous, tout change. Si vous regardez le paysage
d’il y a 50 ans et celui de maintenant, vous voyez un sacré changement. Si
vous regardez même les lampions aujourd’hui, avec cette malheureuse ampoule en LED, on est loin des bougies de ma jeunesse avec lesquelles on pouvait « allumer le feu » : là aussi ça a bien changé... Alors bon, si tout change, pourquoi pas changer aussi notre hymne, c’est vrai cela fait si longtemps que nous l’utilisons… 55 ans, c’est long et dur.
vous regardez même les lampions aujourd’hui, avec cette malheureuse ampoule en LED, on est loin des bougies de ma jeunesse avec lesquelles on pouvait « allumer le feu » : là aussi ça a bien changé... Alors bon, si tout change, pourquoi pas changer aussi notre hymne, c’est vrai cela fait si longtemps que nous l’utilisons… 55 ans, c’est long et dur.
Alors à notre cher cantique suisse, faut-il rendre les honneurs (sans toucher la main) ? Permettez-moi d’en faire l’éloge (espérons pas funèbre), et de vous expliquer pourquoi j’y suis fortement attaché, même si je ne suis pas un homme opposé au changement.
Rappelons-nous
d’abord de son histoire. En 1841, un prêtre musicien du nom de Zwissig reçoit
un texte patriotique que vient de rédiger l’une de ses vieilles
connaissances : l’imprimeur et journaliste zurichois Widmer. Zwissig met
le texte en musique, le Cantique suisse est né.
Pourtant,
tout opposait Zwissig, le compositeur, à Widmer l’écrivain. D’un côté le rural
catholique romain, prêtre et moine. De l’autre, le citadin protestant, radical
tendance libérale, anticatholique et anticlérical. Dans une période de fortes
tensions politiques et religieuses, le Cantique suisse est donc un chant
improbable. Une œuvre œcuménique à une époque où ce terme n’existait pas
encore, et où les cantons catholiques et protestants s’apprêtaient à entrer en
guerre (ce qui aura lieu avec le Sonderbund, notamment à cause des divisions
religieuses, entre autres).
Bien sûr, l’histoire du cantique suisse n’a rien de sensationnelle, ni de spectaculaire, ni Zwissyg ni Widmer n’ont la stature de héros national à la Guillaume Tell ou à la Flotion. Il n’empêche : leur histoire et celle du Cantique suisse nous rappelle que l’équilibre et l’unité de la Suisse, de tout temps fragile, n’a été acquise que très tard, et qu’à plusieurs moments de son histoire, l’alliance des cantons aurait pu voler en éclat.
Bien sûr, l’histoire du cantique suisse n’a rien de sensationnelle, ni de spectaculaire, ni Zwissyg ni Widmer n’ont la stature de héros national à la Guillaume Tell ou à la Flotion. Il n’empêche : leur histoire et celle du Cantique suisse nous rappelle que l’équilibre et l’unité de la Suisse, de tout temps fragile, n’a été acquise que très tard, et qu’à plusieurs moments de son histoire, l’alliance des cantons aurait pu voler en éclat.
religieuse, qui a donné la Suisse d’aujourd’hui ! L’unité dans la diversité, c’est ce qui fait la spécificité de la Suisse, sa force, par le fédéralisme. Aujourd’hui, plus que jamais, nous, Suisses, devons œuvrer pour l’unité, du pays, des chrétiens. L’apôtre Paul le disait déjà aux habitants d’Ephèse :2Soyez toujours humbles, doux et patients. Supportez-vous les uns les autres avec amour. 3Efforcez-vous de maintenir l'unité que donne l'Esprit Saint par la paix qui vous lie les uns aux autres (Ephésiens 4, 2-3) L’unité, ce mot qui vous l’aurez remarqué, fait défaut dans la nouvelle version. L’unité, celle que l’on trouve dans l’histoire du cantique suisse, eh bien cette unité, toujours fragile, toujours à reconstruire, c’est à nous d’y travailler : ici dans nos villages, dans nos paroisses, dans nos conseils communaux. Une unité à vivre peut-être en chantant, ou pas, selon nos capacités, et avec les accents de notre cœur, pieux ou pas. Mais en gardant notre hymne, c’est ce message d’unité que l’on donne : l’unité qui a fait l’histoire de la Suisse et qui en fera à coup sûr son avenir. Oui l’Avenir est à vivre en chantant avec cœur, et le chœur d’hommes de Forel vous accueille avec joie! Avec ou sans nouvel hymne.
Que Dieu bénisse notre pays. Belle fête de 1er août à chacun.
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