Foot et foi, un résumé de mon histoire de vie



Quand vous regardez votre parcours de vie, voyez-vous les petits signes de Dieu ? Car Dieu a des projets pour nous, des projets de bonheur. Et parfois quand je regarde en arrière, je me rends compte qu'il n'y a pas de Hasard. Ou plutôt si: Le Hasard, c'est le nom que prend Dieu pour rester incognito... Je profite de l'occasion, d'une part du calme après les fêtes, et d'autre part de ma première apparition sur un plateau TV sur Téléclub le 22 décembre dernier à l'occasion de Juve-Roma (pour parler de foot et foi) pour partager avec vous la relecture de mon parcours. Ou comment foot et foi sont en fait un beau résumé de mon parcours...

Le foot, c'était ma vie

Ado, post-ado, adulescent, je vouais ma vie au sport. C'était ma passion, ma vie. Je jouais 4 fois par semaine au foot, dans un club local, sans grand talent (si ce n'est pour les tacles), mais avec un plaisir immense. Un défenseur rugueux, voilà ce que j'étais, mais surtout un coéquipier qui ne trichais jamais. Capitaine sur la fin, j'avais à coeur de transmettre aux autres joueurs le gnak qui mène à la victoire, mais aussi la solidarité essentielle à ce sport. Au foot, si tu joues seul, tu n'es personne. Tu as besoin des autres. Tu as besoin du collectif.
Mon équipe de coeur, Lausanne-Sports, je l'ai suivie "partout et toujours". Dans tous les stades de Suisse, ou presque, et ailleurs en Europe. Capo, je lançais les chants aux autres supporters. Je les invectivais. "Colle mani", "sortez moi ces mains", "allez les gars, tous ensemble!" Le match? Je ne le voyais pas tellement, si ce n'est au travers des yeux de mes amis supporters, comme l'a écrit récemment un paroissien dans un journal local. Debout sur les grillages, souvent à torse nu, j'étais un peu fou, comme habité par cette passion de la vie qui la rendait si belle, et si triste parfois. Mais tellement pleine d'émotions en tout cas. J'ai lancé des chants en français, mais aussi en Suisse-Allemand (si, si) pour la Nati, au Portugal ou en Lettonie. Des grands moments de communion.

Mes années folles

Mes années 20, ce furent mes années folles, mes années foot. Je buvais foot, de mangeais foot, je chantais foot. J'écrivais foot, pour un modeste journal papier au regard acerbe et humoristique Carton Rouge, qui aujourd'hui a pris une belle ampleur. Pigiste, j'allais voir des matches de foot des talus, avec joie, toujours, même si je me les caillais sous la pluie. Je rêvais d'être journaliste sportif, j'avais même terminé à une honorable 7e place d'un grand concours de jeunes journalistes au CIO (avec le grand David Lemos pour vainqueur!). J'avais ma voie toute tracée. Les stades, c'était mes cathédrales.  Je ne pouvais officier que là-bas.

La vocation au ministère de pasteur

Et puis Dieu m'a appelé. C'était pas la lumière sur ma tête avec des anges qui chantent "alléluia". Mais presque.

Lors d’une de ces rencontres, une discussion – à la base presque anodine – avec l’aumônier de l’université s’est avérée décisive pour mon avenir. A sa question : « est-ce que tu t’intéresses à la théologie », je lui répondis je ne sais trop pourquoi « oui ». Le lendemain, il m’écrivait un mail en s’excusant de ne pas pouvoir reprendre les rennes du projet. Il concluait en disant qu’il était très heureux que je m’intéresse à la théologie, car selon lui j’étais quelqu’un qui pourrait apporter beaucoup à ce milieu. Cette nuit-là, je ne pus trouver le sommeil. Il faut dire que quelques jours plus tôt, un ami m’avait dit : « mais je sais le métier qui te conviendrait et qui rassemble les trois points qui t’intéressent : transmission, écriture et côté social, c’est… pasteur ! ».

Dès lors, j’ai compris que Dieu m’appelait pour œuvrer dans l’Eglise. En relisant mon histoire personnelle, j’ai réalisé que Dieu avait placé ça et là des signes que je n’avais évidemment pas vus. C'est souvent ainsi. Comme pour l'homme qui habite à côté dune rivière qui un jour est inondée, histoire découverte dans un épisode de ma série préférée (A la Maison Blanche):


Depuis 2011, je suis pasteur.  Et le foot, je ne l'ai jamais vraiment lâché. J'ai continué à vibrer pour le LS ou la Nati. J'ai continué à aimer taper dans le ballon, même si c'était plus rare. Avec des collègues, on a mis sur pied le tournoi de foot de notre Eglise vaudoise. Le foot a continué a faire partie de ma vie, mais il a passé au second plan.

Foot et foi pour ma première TV

Et en décembre dernier, on me demande d'aller sur un plateau télé pour parler de foot et foi. Comme un signe qui réactive cette passion de jeunesse. Pour moi, foot et foi sont reliés, par ma vie, mais aussi par tellement d'éléments:
  • Religion et sport
    • Religion = relier (horizontalement et verticalement) : communauté, sentiment d’appartenance
    • Religion = lien au sacré, au divin
    • Peut-on dire que les Stars comme CR7 sont divinisées ?
    • Religion = donne un sens à sa vie 
  • La communion : équipe et supporter, comme Jésus et ses disciples avec le vin, comme les chrétiens autour de la table de communion : communier, c’est vivre un moment fort les uns avec les autres en partageant une émotion exceptionnelle. C’est ce que vivent les joueurs de foot, je crois…
  • Les journalistes sportifs et les métaphores religieuses, voir le très bon article du prof. Olivier Bauer: https://www.letemps.ch/sport/journalistes-sportifs-adorentils-metaphores-religieuses
  • La foi des sportifs de haut niveau, un plus pour leur vie de sportif comme le disent Blaise Matuidi (« j’aimerais vous encourager à vivre votre foi, témoigner la joie d’être chrétien, allez au bout de vos rêves et rendez le monde meilleur »), Olivier Giroud qui est très actif dans l’humanitaire et qui a déclaré pendant la CDM : «De temps en temps je passe un petit moment avec Jésus, c'est un petit bouquin que j'aime bien. Je suis très croyant» ; À 21 ans, je me suis fait tatouer sur le bras droit un psaume tiré de la bible latine : "L’Éternel est mon berger, je ne manquerai de rien". Voir aussi la belle histoire de Yapi Yapo qui a joué en Suisse ou Aurélien Collin qui témoigne de manière très humaine:


  • Foi et superstition: Fondamentalement y a pas de différence sinon que la religion c’est la mienne et la superstition, c’est les autres. Comme dit l’autre : « je suis pas supersitieux, ça porte malheur ! » Bon, ensuite: la foi c’est croire qu’il y a un Dieu, un Tout-Autre qui est radicalement différent de toutes les images qu’on s’est faites de lui (vous savez, le mec avec la barbe blanche sur son nuage, et je ne parle pas du traineau, hein ?) et que Dieu peut changer le cours des choses ; la superstition, c’est croire qu’on peut changer le cours des choses à distance par un geste, une attitude, une parole, une prière. Il ne faut pas oublier l'importance de la ritualité pour tout être humain. Si on regarde les enfants, il aiment les rituels. Les footballeurs sont pareils. En entrant sur le terrain, certains touchent le gazon, d’autres se signent, d’autres prient. Après avoir marqué, parfois certains montrent le ciel, en pointant peut-être vers le divin ou vers une personne décédée. La ritualité rassure. Zidane qui enfile d’abord la chaussette gauche ou les hockeyeurs qui se laissent pousser «la barbe des séries». 
  • Prière et victoire: peut-on demander la victoire de notre équipe favorite dans la prière? Pourquoi Dieu répondrait-il plus à une prière qu'à une autre. Non la prière donne de la force, de la sérénité, de la paix intérieure. Et ça aide, c'est sûr, mais ce n'est pas uniquement cela qui va faire gagner ou perdre un match. J'aime d'ailleurs cette citation du film "Oacar et la dame rose"
‒ A Dieu je peux tout lui commander ?, dit Oscar (un petit enfant de 10 ans). Des jouets, des bonbons, une voiture...
‒ Non, Oscar. Dieu n’est pas le Père Noël. Tu ne peux demander que les choses de l’esprit, comme du courage, de la patience, des éclaircissements. 
Et je pourrais continuer longtemps ainsi...

Voici l'émission:


Un peu stressé, j'ai aimé pouvoir humblement témoigner de ma passion pour le foot, pour la foi, pour la vie. Pour le Christ qui aujourd'hui me fait chanter, notamment du gospel.

Et si c'était un signe ?

Après l'émission, j'ai découvert par les réseaux sociaux Joël Thibault, pasteur qui accompagne les sportifs chrétiens et qui relaie les projets de Esprit Saint dans un Corps Saint. De beaux projets qui pourraient, qui sait, m'inspirer. A la manière de mon collègue Olivier Keshavjee qui a vécu un revirement entre ministère et passion, et si mon ministère pastoral prenait un jour un virage pour y exploiter ma passion du sport ?

Commentaires

  1. Salut Benjamin.

    En écoutant l'émission et maintenant en lisant ton billet, je me redis qu'il y a qqch à creuser autour du rôle du Capo et celui du pasteur.
    Voir le match par les yeux des supporters, être sensibles à leurs réactions, leurs expressions, leurs paroles mais aussi leurs silences pour saisir ce qu'ils vivent. Sans besoin de voir le match qui se déroule derrière toi, mais en te concentrant sur comment ceux qui te font face le vivent eux.
    Et puis lancer le chant comme un encouragement à tenir bon même dans les moments tendus.
    Les parallèles me semblent évidents avec le travail pastoral.

    Merci de m'avoir fait prendre conscience de cela.
    A bientôt. Diane

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. en effet, c'est beau, merci de le souligner! Je vais y penser, peut-être cela va m'inspirer!

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