« Lance ton pain à la surface des eaux »
Capitaine, je l’avais déjà été au foot, sur les terrains
avec le brassard (et une détermination toute « benjaminesque ») ou dans les tribunes avec le mégaphone (« capo »,
celui qui lance les chants). Me voici depuis ce week-end avec un autre
« capitanat », celui du CBOV (Camp Biblique Œcuménique de Vaumarcus).
C’est à la fois une grande fierté et un honneur que d’être le coordinateur de
ce camp septantenaire, un camp qui rassemble chaque années plus de 150 campeurs
de tous âges sur la colline au bord du lac de Neuchâtel.
Les clés de l’Ecclésiaste
Un camp d’une semaine, c’est beau. Mais un camp, cela se
prépare. Et ce week-end, justement, nous avions le premier « week-end de
prépa » pour les futurs animateurs. L’occasion de se pencher sur le livre
biblique choisit cette année, de découvrir des pistes théologiques, l’occasion
aussi de « faire équipe », en se rencontrant, en partageant, en
choisissant enfin un titre (ce qui ne s’est pas fait sans souci).
Qohéleth, ou l’Ecclésiaste, est un livre de sagesse, pratique,
qui nous interpelle sur notre vie : qu’avons-nous fait de ce don de Dieu
qu’est la vie ? Un verset m’a particulièrement touché : « Lance
ton pain à la surface des eaux, car à la longue tu le retrouveras » (Qo
11,1).
Pas d’effet boomerang
Lance ton pain, lance ton pain, facile à dire. Mais
imaginons que nous n’ayons pas grand chose à manger, ce verset en
devient…stupide ! L’Ecclésiaste (litt : le rassembleur) ne parle pas de quelque chose de superflu, non il
parle de la chose la plus essentielle: le pain. Si l’on demande à Dieu de nous
donner « notre pain de ce jour », est-ce pour le lancer à la surface
des eaux, là où il a de grandes chances de se perdre ? Lancer notre pain,
ce qui nous est essentiel, sans avoir de « retour sur
investissement » (comme on aime à dire dans notre société), sans effet
boomerang, cela vaut-il vraiment la peine ?
Un exemple concret: le bénévolat
Ceci dit, nous le savons bien, notre société ne pourrait pas
vivre sans les personnes « qui lancent leur pain à l’eau », sans tous
les bénévoles qui oeuvrent pour plus de communauté, plus d’amour, plus de lien
social. En tant que pasteur, je suis bien sûr confronté aux difficultés que
nous rencontrons pour recruter des bénévoles, comme dans de nombreuses
associations. Qui, aujourd’hui, est prêt à donner
de son temps (qui semble bien la chose la plus précieuse dans une société
surchargée ou « overbookée » pour parler en bon français) ?
Donner de son temps, oui, mais aussi donner de soi-même, s’impliquer,
s’engager, ce qui exige une certaine fidélité dans la durée et une certaine
responsabilité dans les engagements. Qui est prêt à cela ? Qui est prêt à
lancer son pain à l’eau ?
Et nous alors ?
C’est pour cette raison que j’ai choisi d’accepter la tâche de coordinateur de CBOV. Malgré un emploi surchargé par deux mi-temps, malgré de nombreux engagements paroissiaux, régionaux, cantonaux, œcuméniques, auprès des jeunes et des moins jeunes, malgré tout cela, je me suis engagé pour ce camp qui me tient à cœur, pour ce projet d’Eglise, pour l’unité. Car je n’oublie pas ce verset de la bouche de l’apôtre Paul : « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20,35). Et si « lancer mon pain à l’eau », si ce geste de don de soi désintéressé pouvait contribuer une Eglise plus joyeuse?
« Soyez joyeux dans l’espérance, patients dans la
détresse, persévérants dans la prière », disait l’apôtre Paul (Rm 12,12)
Marrant quand même comme les deux derniers articles se répondent... ;-)
RépondreSupprimerMerci Capitaine... Tiens bon la vague et tiens bon le flot ! Rm 12,12 est une excellente feuille de route que j'ai faite mienne depuis deux ans et 5 mois exactement aujourd'hui. Bon vent !
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