Face à la crise, un appel à l'engagement !

Dimanche dernier, j'étais invité à prêcher "hors les murs" (de ma paroisse et de ma région), à Bussigny, à l'occasion du culte d'envoi du jeune Jérémie Ramelet pour 6 mois au Cameroun. Un honneur et un plaisir, mais aussi l'occasion de réfléchir à notre monde, à nos valeurs.

C'est la crise! Et si on faisait la guerre ?
C'est la crise. 
Ce jeune, avec qui j'ai eu la chance de partager plusieurs camps, nous a confié ses motivations et sa vision du monde. La crise, disait-il dans son allocution, fait rage. Crise économique, crise financière, crise sécuritaire (ou terroriste avec les derniers attentats à Boston ou ailleurs), crise des valeurs aussi. Je pourrais rajouter encore "crise des rêves", crises des vocations de combattants, suite au dernier camp de KT des Cévennes. Les jeunes, aujourd'hui, ne semblent plus avoir de combats, de rêves, autres que le plaisir à tout prix. Des fois quand même (attention ce que je vais dire est affreux), je me dis qu'une bonne vieille guerre nous ferait du bien pour remettre l'Eglise au milieu du village, pour nous remettre face à l'essentiel que l'on a tendance à oublier à force de matérialisme et d'individualisme hédonisto-centrique. C'est dit.

La crise, donc, pousse certains à partir en Afrique, à la recherche d'autre chose, d'autres valeurs, pour se confronter à ses propres limites, pour se faire et se défaire comme dit Nicolas Bouvier: « Certains pensent qu'ils font un voyage, en fait, c'est le voyage qui vous fait ou vous défait. »

Et nous qui restons, comment faire face à la crise? Des fois je me dis que notre société va dans le mur:
les violences et les bitures noctures qui sont un signe que nous envoient les jeunes face au monde de m... dans lequel ils vivent et qui ne leur fait pas de place, les vides relationnels alors que la société est censée nous mettre en lien via les réseaux sociaux, les images de l'homme et de la femme déformés par la publicité, le sexe facile et la TV réalité - genre les anges de la TV réalité - sur internet*, la superficialité des rapports, l'"overbookage" déprimant où l'on n'a plus le temps de rien faire, etc. En bref, on est dans la merde, osons le dire. Mais allô quoi!

Ce matin, la méditation entre ministres m'a rappelé que déjà chez les premiers chrétiens (voir la 1re lettre aux Thessaloniciens) la relation est mise au centre... A-t-on oublié cela ? A-t-on oublié que le mots grec κρισισ (krisis) signifie "choix". Aujourd'hui, notre société est confrontée à un choix. Non pas uniquement de choisir la vie (Dt 30), mais de choisir de mettre ou non au centre la relation.

Un lien organique

Car comme le dit l'apôtre Paul, nous sommes le corps du Christ. Nous le peuple de Dieu, les habitants de cette terre, de cette société helvétique du XXIe siècle. Et si nous ne faisons pas attention à l'autre, nous allons dans le mur: Si une partie du corps souffre, toutes les autres souffrent avec elle ; si une partie est honorée, toutes les autres s'en réjouissent avec elle. Or, vous êtes le corps du Christ, et chacun de vous est une partie de ce corps. (1 Co 12, 26-27) A la fois, nous pouvons jouir de la diversité du corps, diversité de regards, de cultures, et à la fois, nous dépendons des autres. En fait, la métaphore du corps montre bien le lien organique qui nous relie les uns aux autres. Et peut-être que cela ne concerne pas uniquement les chrétiens...

Dès lors, notre société a plus que jamais besoin de témoins de l'Evangile qui remettent la relation au centre, qui prônent ces valeurs d'altruisme, de service, d'amour du prochain, comme un certain Frère Roger l'a fait, comme tant d'autres, qui permettent de susciter des vocations pour changer le monde (et l'Eglise, mais cela est une autre histoire encore! ;-)... Car comme l'a dit le pasteur Jean-Marie Thévoz, dans la 2e partie de la prédication (qui a suivie la mienne), "pour susciter des vocations, il faut des témoins, des témoins d'une Eglise vivante, d'une Eglise qui fait envie. Nous faisons partie du corps du Christ, unis par le même baptême et le même Esprit. Nous sommes ses témoins, les témoins du Christ ressuscité à Pâques, les témoins d'une bonne nouvelle; nous sommes ses envoyées aujourd'hui au côté de Jérémie Ramelet. Partons ensemble vivre et témoigner de cette bonne nouvelle."

Quelle est ta vocation ?

Et vous, à quoi êtes-vous prêt pour vous engager pour ce monde ? quel appel, quelle vocation pouvez-vous discerner en vous? Ce serait beau que nous puissions avoir un partage dans les commentaires sur notre(s) vocation(s)... Car j'en suis convaincu, nous avons tous une vocation. Encore faut-il la discerner et la mettre en pratique... Engagez-vous, qu'ils disaient!

* = je reviendrai sur ce sujet dans un prochain billet.

Commentaires

  1. Avec tout le chambard actuel, pour définir meiux ma vocation (et non la redéfinir de fond en comble...),je choisis ce terme de relation.
    Je veux favoriser les liens entre des personnes fragilisées, persuadée que c'est dans le tissage de ces liens que souffle aujourd'hui l'Esprit. Et cela me paraît être le meilleur service (diakonos!) à rendre aux plus petits de ce monde.

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