La vie ne tient qu'à un fil... loué soit le fil !

Mardi matin, 6h30, entre rêve et réalité, j'entends le réveil sonner. Le réveil, déjà? non, ce n'est pas possible, me dis-je. Putain, ce n'est pas le réveil, c'est le téléphone. Qui peut bien appeler à cette heure-ci? Sarah, ma femme, est partie à 6h pour aller au boulot, j'espère qu'il ne lui est rien arrivé...

En une seconde, je me lève pour décrocher. Je n'ai pas le temps d'avoir peur, même si, bien sûr, je pense au matin où Pierre, mon beau-père, est décédé, et où nous l'avons appris par ce même téléphone. Un mardi, aussi. Je décroche donc, mais personne. Le répondeur s'est déclenché. Je dois attendre la fin du message. Les secondes sont longues. Sarah finit par parler. Catastrophée, en état de choc, elle a eu un accident sur l'autoroute, vers Crissier. Je la rappelle, et n'ai pas le temps d'être rassuré. Après coup, je réaliserai que si elle m'a appelé, c'est qu'elle va bien!

Après un bref échange au bout du fil avec elle, je file à Crissier. Je n'ai pas le temps de réaliser. Je n'ai pas le temps de comprendre. La seule chose à laquelle je pense, c'est être auprès d'elle. Je file, et peu avant Villars-Sainte-Croix, cela commence à bouchonner. Je dois me montrer patient.

Enfin, j'arrive sur les lieux de l'accident. L'ambulance est là, les policiers aussi. Je rejoins Sarah dans l'ambulance et elle éclate en sanglots, mais elle va bien. Touchée par un camion qui voulait se rabattre (mais qui ne l'avait je pense pas vue) alors qu'elle était à 95 km/h, elle a fait deux tête-à-queue avant d'heurter violemment la barrière de sécurité, deux fois. Sarah est sous le choc mais va bien, apparemment rien n'est touché ni cassé. Les secouristes sont super choux, y compris des automobilistes qui se sont arrêtés, au contraire du camion qui a continué sa route... (mais j'apprendrai plus tard qu'il s'était arrêté plus loin)


Après qu'elle a fait sa déposition, je la ramène à la maison. Juste le temps de réaliser ensemble de ce miracle d'être en vie. Car comme l'a dit Sarah, c'est une chance, un miracle, qu'elle soit encore en vie après un tel accident, une chance aussi que personne ne lui soit rentrée dedans après son choc avec le camion... Je me rends compte qu'elle aurait bien sûr pu mourir, mais aussi être paraplégique pour le restant de ses jours. Imaginez après 9 mois de mariage, comment la vie aurait été différente. Nous l'avons quand même échappé belle...

Toute la journée, nous en parlons. Comment se fait-il qu'elle n'ait rien eu? Appelez-le comme vous voulez, mais la grand patron, ou un ange, veillait sur elle. C'est un miracle... Après son adoption qu'elle considère comme une 2e chance, en voici une 3e pour sa vie. La vie qui, nous le savons, est fragile. Mais c'est peut-être aussi pour cela qu'elle est belle! A nous maintenant d'en profiter! Comme disait Alain Souchon: la vie ne vaut rien (la vie est si fragile), mais rien ne vaut la vie (la vie est si précieuse!).

Décidément, la vie ne tient qu'à un fil... loué soit le fil !* Nous rendons grâce à Dieu !

* Merci Etienne pour cette belle trouvaille!

Commentaires

  1. je suis très touchée par cette nouvelle qui fait froid dans le dos et en même temps chaud au coeur par son dénouement.
    bises à tous les deux.
    Danielle

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  2. Vincent Lafargue1 mai 2013 à 00:10

    Les trois émouvants derniers billets de ton blog - la Crise, la Course, le Choc, trois "c" en quelque sorte - laissent tous apparaître un quatrième mot en "c" qui les traverse tous trois : le Choix.

    Le Choix, d'abord, qui est le premier sens grec du mot "crise" (il ne serait d'ailleurs pas inutile de le rappeler justement aux Grecs, ces temps). Choix de s'en lamenter, ou Choix de la pointer du doigt en dénonçant ses mécanismes sournois, comme tu le fais, pour mieux la dépasser. Choix d'être dans la télé-irréalité de ce monde ou de raccrocher le téléphone nabillesque pour revenir au réel. Choix de dépasser tout ça, et de se dépasser par la même occasion.

    Se dépasser, c'est aussi le choix que tu fais avec la Course. Choix de ne pas se laisser aller à un Esprit Saint dans un corps malsain, dans nos sacrées vocations. Mais tu ne cours pas pour toi, tu fais le Choix de courir pour une Cause, pour cette Inde venue à toi en la personne de Sarah. Et autant le dépassement liait le premier billet au deuxième, autant c'est Sarah qui lie le deuxième au troisième, une situation qui l'a dépassée au propre comme au figuré.

    Sarah, celle que tu as Choisie il y a 9 mois, a elle aussi fait un choix au petit matin. Celui de s'accrocher instinctivement à son volant, comme elle me le confiait hier. Comme pour s'accrocher coûte que coûte à la vie au milieu des épreuves qui nous dépassent et que d'autres nous font traverser. Par ce choix, elle a peut-être évité que son véhicule n'emprunte une autre trajectoire que celle qui lui a sauvé la vie.

    Choix de surmonter la Crise, Choix de Courir aussi pour les autres, Choix de s'accrocher à la barre de nos existences.

    Le Choix, avec un grand C, comme Corbaz.

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    1. Merci Vincent pour cette lecture tout aussi émouvante! Heureux les coeurs purs: ils verront Dieu! :-)

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  3. je reste sant voix (sans mots...) suite à cette nouvelle. Quelle frayeur au saut du lit ! Encore une fois je me dis "que ferions-nous sans Dieu, sans sa protection et son amour ?". Chantons, louons pour tous ses bienfaits.
    Je vous souhaite de doux moments pour vous remettre des ces émotions.
    Eveline

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  4. Merci Benjamin d'avoir partagé ce "miracle" avec tes lecteurs. Je pense bien fort à Sarah et à toi avec les peurs rétrospectives qui se pressent dans notre tête après un pareil accident.
    Concernant la course à travers Lausanne, bravo pour ta performance et merci d'avoir représenté "Terre Nouvelle" pour notre paroisse. C'est une course solitaire, bien des sports ont cette particularité qui nous permet d'avoir plus de disponibilité pour tout un chacun et également d'être connecté à notre être intérieur.
    Andrée

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