Recevoir la promesse (prédication de l'Avent IV)

Textes bibliques
- Gn 18, 1-2 et 6-15
- Luc 1, 26-38

Chers frères et sœurs en Christ,

Noël c’est demain, ou presque, et un peu partout vous voyez des publicités qui promettent monts et merveilles. La lessive, ou le dentifrice qui lavent plus blanc (lancer un dentifrice et un paquet de chewing-gum),  internet au plus haut débit que partout ailleurs (lancer le prospectus), le domaine skiable des 128 vallées du soleil qui offre le plus grand domaine skiable avec, comme son nom l’indique, de la neige et du soleil (actuellement c’est pas gagné) (jeter ma carte de ski), la crème anti-ride qui ne déride pas (jeter la crème), le gel douche qui permettra de séduire cette belle femme assise au bar (jet l’AXE), la boisson sucrée qui t’ouvre au bonheur (avec son slogan « Ouvre un coca-cola, ouvre du bonheur »), ou te promet qu’il n’y a pas de sucre (en évitant de te dire toutes les autres cochonneries qu’il y a dedans) (jeter le coca zéro), etc. etc. Que de promesses vides ! D’ailleurs serions-nous au temps de « L'évangile du Coca-Cola », comme le titrait l’édito du journal REFORMES cette semaine ? N’y a-t-il plus que la consommation et le rendement immédiats qui comptent ? Qu’avons-nous fait des promesses ? Ont-elles été vidées de leur sens ? Pourtant lors de mariage ou de baptême comme ce matin, on prend des engagements, on promet encore. Mais nous le voyons dans la société, c’est difficile de s’engager, de promettre.

Mais ce matin, c’est Dieu qui nous offre sa promesse à travers les deux textes bibliques que nous venons d’entendre. Et c’est une bonne nouvelle surprenante, un évangile renversant, qui vient précisément renverser nos attentes, et nous prendre par surprise !  La première promesse qui nous est adressée, c’est celle de la fécondité. Pour Sara (et Abraham qui passe au second plan pour une fois), c’est avoir enfin un enfant, malgré son âge avancé. Et on peut avoir une petite pensée pour tous les couples qui espèrent tant un enfant qui ne vient pas… Mais Dieu nous promet que malgré les stérilités de nos vies – et il y en a des voies sans issue dans nos existences ! – malgré tout ce qui est stérile, sans fruit, sans vie, Il nous donnera la fécondité dont nous avons besoin. Quelle promesse !

La seconde promesse qui nous est adressée en ce matin de l’Annonciation, c’est celle que Dieu sera avec nous « jusqu’à la fin des jours » comme je l’ai dit dans la liturgie de baptême.  L’Emmanuel, littéralement « Dieu avec nous » que nous venons de chanter, c’est Dieu qui se fait homme, s’incarnant à Noël dans la fragilité humaine pour venir nous rejoindre dans nos fragilités et se faire proche de nous ! Ainsi c’est cette promesse de sa présence que nous recevons avec cette annonce de l’ange Gabriel à Marie. Peut-être encombrés par tous les cadeaux sous le sapin avons-nous oublié que Noël c’est d’abord la fête de ce Dieu qui se rapproche de nous pour nous dire son amour et pour nous dire sa promesse qu’il sera avec nous jusqu’à la fin des temps.

Maintenant que nous avons entendu ces deux promesses de fécondité et de présence de Dieu, la question est « comment les accueillons-nous ? » Car il n’est pas toujours facile de recevoir une promesse ! Prenons l’exemple de Sara et Marie, nos deux mères dans la foi, dans les textes que nous avons entendus. Pour la première, cette promesse est incroyable au sens premier du terme, elle n’arrive pas à y croire ! Son rire, au-delà du jeu de mot en hébreu qui explique le prénom de son futur fils Isaac, dénote l’incrédulité de Sara : c’est trop incroyable, à son âge ! Incroyable et inespéré, car après avoir tant essayé de hâter l’accomplissement de la promesse dans les chapitres précédant, elle avait laissé tombé. Cette histoire nous rappelle, devant la promesse, l’importance de la patience que notre société a peut-être un peu oublié.


Pour Marie, ce texte est comme un récit de vocation. L’ange l’interpelle, elle refuse (comment serait-ce possible ?), puis prend du recul, cherchant à pénétrer le mystère de cette révélation inattendue. Enfin dans un 3e temps, elle accepte, avec confiance et humilité. Contrairement à l’image que la tradition a pu faire d’elle, ce n’est pas une « superwoman » de la foi,  sa foi n’est pas parfaite, car son chemin passe aussi par le doute. Finalement, elle reçoit humblement la promesse qui ouvre sa vocation personnelle, son appel, au fond qui ouvre une nouvelle vie, de service et d’amour.

Et nous, comment recevons-nous ces promesses de Dieu pour nous, promesses de fécondité pour nos vies et de sa Présence sur notre chemin ? (silence) Pas facile de les recevoir, justement. Comment ne pas tomber dans le rire incrédule de Sara (« c’est trop incroyable, c’est pas possible ! », un peu comme ce que l’on se dirait avec une publicité mensongère) ? Comment ne pas objecter à l’instar de Marie : « comment serait-ce possible que Dieu soit à mes côtés toute ma vie ? Dieu, je ne le vois pas… » ? Oui recevoir ces promesses, c’est un sacré défi, pour ne pas dire un défi sacré…

Et pourtant, les anges, les messagers de Dieu – d’ailleurs n’avez-vous jamais rencontré une personne qui vous a dit une chose au bon moment ? – ces anges nous le répètent : « n’aie pas peur ! Vis avec confiance de ces promesses ! » Et la promesse de Dieu se réalisera un jour, probablement pas comme on se l’était imaginé, mais de manière détournée, renversée. N’aie pas peur et vis avec confiance de ces promesses, comme nous redit ce signe du baptême, signe de la promesse de la présence de Dieu pour nous (notamment au travers des engagements des parents et parrain/ marraine). N’aie pas peur et vis avec confiance de ces promesses! Ce qui nous apparaît comme des stérilités dans nos vies (peut-être la vieillesse ? des situations bloquées ? d’autres choses ?), eh bien elles ne le sont peut-être pas pour toujours…

Ce matin je vous invite donc, à la suite de nos mères dans la foi que sont Sara et Marie, à la confiance d’une part, et à faire quelque chose de ces promesses : les recevoir mais ne pas oublier que pour Marie, cette promesse ouvre sa vocation de service. Dieu n’a pas d’autres mains que les nôtres pour agir dans notre monde, alors faisons-en qqch de bon ! Un peu comme le baptême qui, s’il n’est pas arrosé par l’amour, la prière, l’enseignement, ne donnera pas de fruit, eh bien ces promesses ne doivent pas rester sans lendemain, sinon elle mourront.

Alors en conclusion, je vous invite à penser à ces deux promesses. : Et si cette année, vous faisiez qqch de ces promesses (pour ouvrir votre vocation qui vous est propre), afin qu’il y ait un Avent et un après ? Par exemple : comment  puis-je favoriser la fécondité autour de moi, dans les relations, les projets ? comment puis-je relayer la présence de Dieu auprès de ceux autour de moi qui en ont besoin, comment leur apporter cette lumière ? (silence)



Car maintenant que j’ai jeté tous les objets symbolisant les promesses illusoires de la publicité (et donc de notre société de consommation), voici un objet qui symbolise cette promesse que nous recevons ce matin de la part de Dieu: une bougie… éteinte. Lors du baptême, le ou la baptisée reçoit une bougie pour symboliser ce passage à une vie nouvelle et ce matin j’avais envie de vous offrir à tous une petite bougie, mais éteinte celle-là, bougie qui symbolise cette promesse de vie nouvelle qui va commencer à Noël avec la venue de ce « Dieu avec nous ». Avec cette bougie, c’est la promesse de Dieu que vous recevez. Ainsi vous pourrez l’allumer à Noël quand vous vous souviendrez que la promesse s’est réalisée… Une bougie, symbole de lumière et de chaleur, symbole de fécondité, de vie, et de présence de Dieu. Une bougie comme une promesse à réaliser, à allumer. Mais là encore, Dieu n’a pas d’autres mains que les nôtres…

Amen.

Prédication prononcée le dimanche 21 décembre 2014 à Lutry 
(baptême d'Alexia Fauchon Mercier)

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Discours du 1er août: le cervelas, symbole de la Suisse

To be united... or not to be !

"Son of God": un bon film... à l'américaine!