Recevoir la promesse (prédication de l'Avent IV)
Noël c’est demain, ou presque, et un peu partout vous voyez
des publicités qui promettent monts et merveilles. La lessive, ou le dentifrice
qui lavent plus blanc (lancer un
dentifrice et un paquet de chewing-gum), internet au plus haut débit que partout ailleurs (lancer le prospectus), le domaine
skiable des 128 vallées du soleil qui offre le plus grand domaine skiable avec,
comme son nom l’indique, de la neige et du soleil (actuellement c’est pas
gagné) (jeter ma carte de ski), la
crème anti-ride qui ne déride pas (jeter
la crème), le gel douche qui permettra de séduire cette belle femme assise
au bar (jet l’AXE), la boisson sucrée
qui t’ouvre au bonheur (avec son slogan « Ouvre un coca-cola, ouvre du bonheur
»), ou te promet qu’il n’y a pas de sucre (en évitant de te dire toutes les autres
cochonneries qu’il y a dedans) (jeter le
coca zéro), etc. etc. Que de promesses vides ! D’ailleurs serions-nous
au temps de « L'évangile du Coca-Cola », comme le titrait l’édito du
journal REFORMES cette semaine ? N’y a-t-il plus que la consommation et le
rendement immédiats qui comptent ? Qu’avons-nous fait des promesses ?
Ont-elles été vidées de leur sens ? Pourtant lors de mariage ou de baptême
comme ce matin, on prend des engagements, on promet encore. Mais nous le voyons
dans la société, c’est difficile de s’engager, de promettre.
Mais ce matin, c’est
Dieu qui nous offre sa promesse à travers les deux textes bibliques que nous
venons d’entendre. Et c’est une bonne nouvelle surprenante, un évangile
renversant, qui vient précisément renverser nos attentes, et nous prendre
par surprise ! La première
promesse qui nous est adressée, c’est celle de la fécondité. Pour Sara (et
Abraham qui passe au second plan pour une fois), c’est avoir enfin un enfant,
malgré son âge avancé. Et on peut avoir une petite pensée pour tous les couples
qui espèrent tant un enfant qui ne vient pas… Mais Dieu nous promet que malgré
les stérilités de nos vies – et il y en a des voies sans issue dans nos
existences ! – malgré tout ce qui est stérile, sans fruit, sans vie, Il
nous donnera la fécondité dont nous avons besoin. Quelle promesse !
La seconde promesse qui nous est adressée en ce matin de
l’Annonciation, c’est celle que Dieu sera avec nous « jusqu’à la fin des
jours » comme je l’ai dit dans la liturgie de baptême. L’Emmanuel, littéralement « Dieu
avec nous » que nous venons de chanter, c’est Dieu qui se fait homme,
s’incarnant à Noël dans la fragilité humaine pour venir nous rejoindre dans nos
fragilités et se faire proche de nous ! Ainsi c’est cette promesse de sa présence que nous recevons avec cette annonce
de l’ange Gabriel à Marie. Peut-être encombrés par tous les cadeaux sous le
sapin avons-nous oublié que Noël c’est d’abord la fête de ce Dieu qui se
rapproche de nous pour nous dire son amour et pour nous dire sa promesse qu’il
sera avec nous jusqu’à la fin des temps.
Maintenant que nous
avons entendu ces deux promesses de fécondité et de présence de Dieu, la
question est « comment les accueillons-nous ? » Car il n’est pas
toujours facile de recevoir une promesse ! Prenons l’exemple de Sara
et Marie, nos deux mères dans la foi, dans les textes que nous avons entendus.
Pour la première, cette promesse est incroyable au sens premier du terme, elle
n’arrive pas à y croire ! Son rire, au-delà du jeu de mot en hébreu qui explique
le prénom de son futur fils Isaac, dénote l’incrédulité de Sara : c’est
trop incroyable, à son âge ! Incroyable et inespéré, car après avoir tant
essayé de hâter l’accomplissement de la promesse dans les chapitres précédant,
elle avait laissé tombé. Cette histoire nous rappelle, devant la promesse,
l’importance de la patience que notre société a peut-être un peu oublié.
Pour Marie, ce texte est comme un récit de vocation. L’ange
l’interpelle, elle refuse (comment serait-ce possible ?), puis prend du
recul, cherchant à pénétrer le mystère de cette révélation inattendue. Enfin
dans un 3e temps, elle accepte, avec confiance et humilité.
Contrairement à l’image que la tradition a pu faire d’elle, ce n’est pas une
« superwoman » de la foi, sa foi n’est pas parfaite, car son
chemin passe aussi par le doute. Finalement, elle reçoit humblement la promesse
qui ouvre sa vocation personnelle, son appel, au fond qui ouvre une nouvelle
vie, de service et d’amour.
Et nous, comment recevons-nous ces promesses de Dieu pour
nous, promesses de fécondité pour nos vies et de sa Présence sur notre
chemin ? (silence) Pas facile de
les recevoir, justement. Comment ne pas tomber dans le rire incrédule de Sara
(« c’est trop incroyable, c’est pas possible ! », un peu comme ce
que l’on se dirait avec une publicité mensongère) ? Comment ne pas
objecter à l’instar de Marie : « comment serait-ce possible que Dieu
soit à mes côtés toute ma vie ? Dieu, je ne le vois pas… » ? Oui
recevoir ces promesses, c’est un sacré défi, pour ne pas dire un défi sacré…
Et pourtant, les
anges, les messagers de Dieu – d’ailleurs n’avez-vous jamais rencontré une
personne qui vous a dit une chose au bon moment ? – ces anges nous le
répètent : « n’aie pas peur ! Vis avec confiance de ces
promesses ! » Et la promesse de Dieu se réalisera un jour,
probablement pas comme on se l’était imaginé, mais de manière détournée,
renversée. N’aie pas peur et vis avec
confiance de ces promesses, comme nous redit ce signe du baptême, signe de
la promesse de la présence de Dieu pour nous (notamment au travers des
engagements des parents et parrain/ marraine). N’aie pas peur et vis avec confiance de ces promesses! Ce qui
nous apparaît comme des stérilités dans nos vies (peut-être la
vieillesse ? des situations bloquées ? d’autres choses ?), eh
bien elles ne le sont peut-être pas pour toujours…
Ce matin je vous invite donc, à la suite de nos mères dans
la foi que sont Sara et Marie, à la confiance d’une part, et à faire quelque
chose de ces promesses : les recevoir mais ne pas oublier que pour Marie,
cette promesse ouvre sa vocation de service. Dieu n’a pas d’autres mains que
les nôtres pour agir dans notre monde, alors faisons-en qqch de bon ! Un
peu comme le baptême qui, s’il n’est pas arrosé par l’amour, la prière, l’enseignement,
ne donnera pas de fruit, eh bien ces promesses ne doivent pas rester sans
lendemain, sinon elle mourront.
Alors en conclusion,
je vous invite à penser à ces deux promesses. : Et si cette année, vous
faisiez qqch de ces promesses (pour ouvrir votre
vocation qui vous est propre), afin qu’il y ait un Avent et un
après ? Par exemple : comment
puis-je favoriser la fécondité autour de moi, dans les relations, les
projets ? comment puis-je relayer la présence de Dieu auprès de ceux
autour de moi qui en ont besoin, comment leur apporter cette lumière ? (silence)
Car maintenant que j’ai jeté tous les objets symbolisant les
promesses illusoires de la publicité (et donc de notre société de
consommation), voici un objet qui symbolise cette promesse que nous
recevons ce matin de la part de Dieu: une bougie…
éteinte. Lors du baptême, le ou la baptisée reçoit une bougie pour
symboliser ce passage à une vie nouvelle et ce matin j’avais envie de vous
offrir à tous une petite bougie, mais éteinte celle-là, bougie qui symbolise
cette promesse de vie nouvelle qui va commencer à Noël avec la venue de ce
« Dieu avec nous ». Avec cette bougie, c’est la promesse de Dieu que
vous recevez. Ainsi vous pourrez l’allumer à Noël quand vous vous souviendrez
que la promesse s’est réalisée… Une bougie, symbole de lumière et de chaleur,
symbole de fécondité, de vie, et de présence de Dieu. Une bougie comme une
promesse à réaliser, à allumer. Mais là encore, Dieu n’a pas d’autres mains que
les nôtres…
Amen.
Prédication prononcée le dimanche 21 décembre 2014 à Lutry
(baptême d'Alexia Fauchon Mercier)
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